merveilleuses montagnes

Qu’est-ce qu’il fait froid! Odette ne survit que grâce à mon effort supplémentaire tous les soirs, de la débrancher au niveau de son infusion – je parle biensûr de sa batterie (ce soir, un homme a voulu aider la pauvre demoiselle congelée avec la voiture en panne : « non, non, merci bien, mais, je fais ça tous les soirs et même souvent les matins » lui repondis-je avec un grand sourire). Mais qu’est ce qu’elle est fidèle, Odette. Elle a déjà fait trois déménagements maintenant que j’y pense. L’élégante dame ne demande qu’à s’empresser vers la maison de repos de son propre gré, mais je l’incite quotidiennement avec des puissantes paroles d’encouragement, à ne pas m’abandonner, « non, pas aujourd’hui. Odette ! Tu vas y arriver. Souviens-toi des milliers de km que nous avons parcourus à deux, ma belle ! »

Mes collègues quant à eux, ont bien d’autres soucis. Ils partagent déjà entre eux leur joie de faire du ski. La question de la semaine est de connaître les pistes préférées des collègues. Dans les couloirs on discute des niveaux, des goûts, des pistes. Les débutants ont intérêt à avouer leur faiblesse au plus tard à cette occasion de l’année car le début de la saison commence officiellement le 11 décembre. Et là, tu pourrais te faire inviter par des collègues de travail. Tous des pros! Ici, tous sont informés – le ski en weekend est déjà possible. Pour moi cette année, même si ma situation financière me le permettait, je ne pourrais pas profiter de la belle poudre blanche. En effet, les jours de vacances sont limités à un total de 20 par an. Manque de pot, Noël 2004 et le Jour de l’An 2005 ne sont pas des jours de congé cette année. On fêtera tranquillement ...en weekend. Grrr... Ca devrait être interdit, ça. On verra comment cela se déroulera, je suis tellement contente d’avoir un travail déjà. Quelle grâce. Vraiment ! Donc, il faudra m’y habituer.

Je pense que c’est ça le secret de la satisfaction de sa situation : la reconnaissance. On peut voir les choses négativement, même dans un bel appartement Place Vendôme à Paris (1er) : « oh, mais, les voisins sont bruyants, ah mais ces femmes portent toutes des poils d’animaux morts sur leur dos, mais qu’est-ce que c’est que ces bruits de touristes au seuil de ma porte ? » Bah oui, ça paraît tout ridicule, mais c’est la réalité de la vie – on se plaînt surtout quand on a tout : alimentation, habitation, divertissement. Et je refuse cette mentalité. Je crois que c’est bien cela que j’apprends en ce moment même – d’être entièrement satisfaite avec cette nouvelle situation professionnelle – de prendre les légers inconvénients avec l’énorme bénédiction.

Tout bête, j’attends un permis de travail qui ne me sera délivré que lorsque j’aurai un logement. Or, je n’ai pas le temps de chercher un logement si je finis après 19h tous les soirs. Ah que les heures sont longues ! D’ailleurs, en attendant ma première fiche de paie, je ne peux même pas encore me payer la caution de loyer. Et... piègée, Euphonies. Et pourtant l’urgence pourrait se justifier. Ce permis m’aiderait à mettre la main sur un portable suisse dont les frais de communication sont payés par l’entreprise tout comme le logement me donnerait le droit à plusieurs ‘plus’ offerts par la compagnie. Oh, et, ouais, ai-je malencontreusement oublié de mentionner que le dernier portable de la boîte à été distribué en fin de semaine dernière?

Ahhh ! Non ! Je veux être satisfaite de ma situation. Et ça va aussi pour la période « einarbeiten », le début d’embauche - la phase de transition. Je veux maintenant avoir assez de patience à mon égard. Je ne peux pas tout savoir en une semaine de travail, je ne peux pas connaître des centaines d’amis en quelques jours. Moi qui ne suis pas de nature patiente dû à des standards élevés pour moi-même ainsi que pour mon entourage, je veux apprendre à grimper cette montagne pas à pas comme l’a chanté une de mes stars préférées d’enfance, (P)salty l’enorme livre de chant. (Il était gentil, sage et un bon chanteur – ah le canon !) Que je vive dans la belle patience de (P)salty “I am climbing my mountain step by step.” En fin de compte, ces merveilleuses montagnes m’enseignent tellement sur mon caractère. Et j’y suis pas encore arrivée.